LA FOCALE ALTERNATIVE

Regard photographique sur notre patrimoine.




Maison Gaspar-Thibaut

Gosselies

Diverses informations ont été tirées de

"Vivre aujourd'hui dans un intérieur d'autrefois, à Charleroi" Anne-Catherine Bioul, Namur (Etudes et Documents, Monuments et sites), 2004.



Bref historique

La maison sera construite vers 1900 pour Louis Thibaut, ingénieur des mines et directeur des charbonnages de Courcelles-Nord.  L'architecte gantois Oscar Van de Voorde et contemporain du célèbre Victor Horta sera le concepteur du bâtiment.

Extérieur

L'architecture extérieure est éclectique mais de nouvelles influences de cette époque vont se faire ressentir.  En effet, la véranda possède des chassis de style Art nouveau.  La façade principale fait référence au néo-Renaissance de par son pignon triangulaire.  Les autres fenêtres suivent la tendance d'une architecture traditionnelle.  La grille en fer forgé qui donne accès à la rue est typiquement dans la tendance Art nouveau.  

Intérieur

Malgré moi, je n'ai pas pu prendre des clichés de l'entièreté du bâtiment.  En effet, la bâtisse est une dépendance de l'Athénée de Gosselies (à l'heure actuelle) et la femme d'ouvrage faisait son nettoyage.  La grande salle à manger était inaccessible lors de la prise de vue.  J'ai donc eu accès au salon Art nouveau ainsi qu'à la pièce maitresse de la demeure : la porte éventail.

La porte éventail est l'élément le plus étonnant de l'intérieur.  Ses battants, découpés en diagonales, s'emboîtent et s'ouvrent grâce à un système très ingénieux bruxellois.  En 1899, ce nouveau système nommé "Innovation industrielle" a breveté des portes, volets et guichets.  L'objectif visé était de révolutionner l'art de la construction.  La porte fait la jonction entre les deux pièces de réception.  On comprend que le propriétaire Louis Thibaut veut mettre en évidence le progrès industriel ainsi que l'aspect novateur qu'apporte cette invention.  Au début des années 1900, la Région de Charleroi est porteuse d'un message d'avenir très prometteur car elle est le pôle de l'innovation et de la conquête industrielle.  Cela se traduit par une pensée novatrice et moderne du côté de la bourgeoisie.

La pièce est conçue par les Grands Ateliers Ebénisterie Verbeke qui sont spécialisées dans les meubles d'art et de menuiseries.  Ils sont réputés à l'époque par leur talent.  La preuve est qu'ils avaient obtenus une médaille d'or à l'Exposition internationale de Bruxelles en 1897.  La porte éventail en plus d'être novatrice sur le système est constituée de deux bois sur chaque face : acajou face salon et chêne face salle à manger !

Le mobilier ainsi que les finitions en acajou du salon évoquent clairement l'inspiration qu'a apporté Victor Horta.  La pièce est typiquement Art nouveau ce qui indique clairement l'esprit novateur du prorpiétaire.

Menacé ?

Le bâtiment fait office de dépendance à un enseignement officiel.  Je ne peux pas affirmer qu'il appartient à la Ville de Charleroi ou à des propriétaires privés qui la louent pour l'Athénée.  Par contre, l'ancien salon Art nouveau se dégrade très clairement.  Il fait office de pièce "fourre-tout".  Le sol se dégrade, les poignées ouvragées et uniques ( !!) sont en mauvais état.  Le recouvrement mural se déchire et se détache.  Alors que cette pièce était à l'origine un regard vers un avenir moderne et prometteur...

La ville devrait impérativement investir dans le bâtiment.  Quand on regarde les magnifiques écoles très ouvragées que l'on peut rencontrer à Bruxelles, on conçoit parfaitement qu'architecture et enseignement peuvent faire bon ménage.  Si la situation continue à ce rythme, dans 10 ans, le bâtiment passera la barrière de "menacé" à "état désastreux".

A l'heure où nous parlons de Patrimoine, à l'époque où la Wallonie a un grand besoin de retrouver une identité novatrice, il convient d'investir dans ce type d'architecture.  Ce patrimoine a un cachet monstre qui peut très clairement mettre en avant le cadre de l'école occupante et permettre à notre enseignement de se détacher des écoles de type " bloc/immeuble époque communiste, on se sert la ceinture"...

Remerciements

Je remercie la directrice Madame Daume pour son accueil chaleureux et la confiance qu'elle m'a attribuée lors de mes prises de vues.  Je remercie également Madame Adam ainsi que Monsieur Vael de la Société royale d'archéologie, d'histoire et de paléontologie de Charleroi pour m'avoir permis de rentrer dans ce bâtiment.  
Pour avoir des informations plus détaillées, je vous conseille vivement de parcourir : "Vivre aujourd'hui dans un intérieur d'autrefois, à Charleroi".