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Retour sur l’exposition de la célèbre valise mexicaine à Arles : partie 2

Pour commencer, l’exposition de la valise mexicaine fait partie de ces moments importants tant sur le plan photographique, documentaire et historique. Il y a presque un an, j’avais déjà écrit un article sur le sujet et je vous invite à le consulter. Vous y trouverez la genèse de la découverte de ce trésor ainsi que quelques lignes sur les trois protagonistes : Robert Capa, David Seymour et Gerda Taro.

Le 19 juillet 1936 éclate la guerre d’Espagne. Il s’agit d’un coup d’Etat militaire mené par Francisco Franco contre le gouvernement de la République d’Espagne. C’est une tragédie qui exprime bien la tension qu’il existe en Europe à cette époque. Aidé de l’Allemagne et de l’Italie, Franco renversera une coalition de centre-gauche élue démocratiquement. Cet incident important révèle la montée du fascisme dans certains pays d’Europe.

Une lutte antifascisme commence à prendre forme dont la presse internationale qui soutient le côté républicain. C’est dans ce contexte que s’embarquent nos trois photographes en utilisant leur témoignage visuel comme une certaine propagande mais également un témoignage de la lutte qui fait rage en Espagne à cette époque.

Vous comprenez donc que cette exposition est très attendue car elle permet, après plus de 75 ans, de prendre reprendre conscience et de redécouvrir (ou non) des images qui ont illustré l’actualité de cette époque.

Pour éviter la redondance avec cet article de novembre 2010, je vais résumer son contenu en quelques mots : 4500

Gerda Taro / La valise mexicaine

négatifs de 3 photographes importants et les clichés de Fred Stein, ami de Gerda Taro.

Les négatifs plongeront le spectateur dans des scènes de combat très rapprochées (typiquement le style de Capa), d’images montrant les civils, les dégâts et l’arrière-garde (l’oeil de Seymour par exemple).

Plus qu’un simple témoignage, il me paraît très important sur le fait que ces trois photojournalistes ont fondé et mis en place les nouvelles bases d’une photographie de guerre beaucoup plus moderne. Ils sont les descendants d’un nouveau photojournalisme qui a pris naissance durant la guerre d’Espagne.

L’exposition de la valise mexicaine

Elle se situe au musée départemental de l’Arles antiques jusqu’au 18 septembre. C’est le seul lieu qui est complètement à l’écart des autres expositions. Le musée se situe à l’ouest du quartier de la Roquette mais tout est bien expliqué dans la brochure et la carte que vous recevrez lors de l’achat de votre pass au guichet des Rencontres d’Arles.

L’exposition peut se faire très rapidement car il y a très peu de grands tirages. Par contre, de très très nombreuses planches contacts sont proposées aux visiteurs. N’oubliez donc pas de demander votre petite loupe portative pour consulter de manière plus détaillée chaque petite photo. Ne passez donc pas à côté de cela car les planches prendront clairement du sens.

C’est le genre d’exposition que j’apprécie car elle va plus loin qu’une véritable série dans une belle galerie. C’est la mise en avant d’une photographie dans son contexte de prise de vue par rapport à l’ensemble de la pellicule. Une telle visite est un enrichissement et une prise de conscience des choix du photographe.

Les différentes parties proposées dans ce dossier sur « Les Rencontres d’Arles 2011″

Les 42ème Rencontres Photographiques d’Arles – Introduction

Rencontres photographiques d'Arles / Chloé de cours-photographie.fr

Depuis quelques années, j’avais envie de découvrir ce festival où l’image est au centre des préoccupations. Entre une cinquantaine d’expositions, de conférences, de « festivals Off » (festivals alternatifs qui gravitent autour des Rencontres comme Voies Off par exemple), stages ou partages de portefolios, Arles est devenue en dix ans la ville où l’image se transmet entre juin et septembre.

Le dossier que je vais me permettre de vous proposer est composé de plusieurs parties. Il est évident que je ne saurai pas être exhaustif car la multitude des expositions, activités et rencontres de photographes sont légion d’une part mais, d’autre part,  mes coups de coeur restent personnels. Pour en savoir plus et de manière plus détaillée, je vous invite à consulter le site officiel.

J’aimerais mettre l’accent sur plusieurs points et vous proposer un panel assez varié qui provient d’une perception subjective tout en essayant de balayer les « grands » thèmes de ces Rencontres 2011.

Le premier article traitera de la mise en avant de la photographie contemporaine mexicaine. Vous (re)découvrirez le travail incontournable du doyen Enrique Metinides, le travail satirique de Dulce Pinzon ainsi que la néo-bourgeoisie mexicaine mise en image par Daniela Rossel. J’essaierai de terminer sur le travail déroutant et bouleversant de la position de la femme sur la frontière mexicaine avec le regard de Maya Goded.

Le second article sera en lien avec le précédent car il abordera le miracle de la valise dite mexicaine. Ce sont plus de 4500 négatifs que l’on croyait définitivement perdus qui refont surface en proposant une nouvelle vision de la guerre d’Espagne par Robert Capa, David Seymour et Guera Taro qui sont entrés dans le panthéon photographique et précurseur d’un nouveau photojournalisme.

C’est sur un fond de trentième anniversaire que l’exposition du New York Times Magazine m’a littéralement passionné. C’est d’une main de maître que Kathy Ryan (directrice de la photo de l’hebdo depuis 25 ans) retrace les grands moments du magazine à travers de grands thèmes comme le 11 septembre ou le Koweit. Plus qu’une simple mise en avant, l’exposition m’a permis de comprendre pourquoi le « NYTM » était différent grâce à la force et au choix de ses images.

Comment ne pas aborder l’exposition déroutante  » From Here On ?  » Cette exposition réunit 36 personnes considérées comme les concepteurs numériques de demain. Autour d’un manifeste où Internet, vie privée, droits d’auteur est en combat perpétuel, les commissaires de cette exposition veulent interroger l’infinie possibilité créatrice que peut procurer Internet. Cette quatrième partie veut proposer une réflexion autour de la possible future photographie de demain.

L’article suivant proposera quelques expositions que j’ai appréciées comme le Collectif Tendance Floue pour ne citer qu’eux. Cet avant-dernier regard sera un pot pourri de coups de coeur personnels.

La dernière partie se veut multimédia pour en découvrir d’avantage sur cette édition des 42ème Rencontres Photographiques d’Arles. Entre émissions radios téléchargeables et documentaires vidéos, j’essaierai de vous proposer une compilation de petits suppléments intéressants.

Les différentes parties proposées dans ce dossier sur « Les Rencontres d’Arles 2011″

La valise mexicaine de Robert Capa

L’International Center of Photography (ICP) à New york expose jusqu’au 9 janvier 2011 le contenu de la Valise Mexicaine. Retour sur cette découverte photographique.

Le 22 octobre 2010 étaient dévoilées pour la première fois une partie des 4500 photosprises par Robert Capa, David Seymour et Gerda Taro (compagne de Capa à cette époque). Ces photographies avaient disparu en 1939 pour ne réapparaître qu’en 2007. Les négatifs étaient très bien préservés par le climat chaud et sec du Mexique. Un hasard chanceux, il en convient !

Valeur totalement historique, ces valises sont avant tout le témoignage des horreurs de la guerre d’Espagne : les batailles de Madrid, la défense de Barcelone, l’exode forcé des miliciens vers les camps d’internement en France,… Ces photographies sont l’héritage secret qui permet de percevoir concrètement le travail de ces trois photographes qui ont risqué leur peau en étant au coeur des horreurs commises par les guerres.

Journalistes de guerre

Robert Capa, David Seymour et Gera Taro sont les précurseurs, les initiateurs du « reportage moderne de guerre« . Au coeur de l’action, ils en sont morts pour deux d’entre eux. En 1954, Robert Capa est décédé durant la guerre d’Indochine en sautant sur une mine. Gera Taro est écrasée par un char lors de la guerre d’Espagne. Suivant l’adage de Capa :  » Si une photo n’est pas bonne, c’est que vous n’êtes pas assez prêt « , c’est un réel héritage historique et photographique que ces trois valises apportent à l’heure actuelle.

Héritage et perception

La découverte de ce patrimoine est immense car il permet aux passionnés de photos de restituer dans son contexte les photographies qui ont fait la Une des grands quotidiens de cette époque. Les photographies emblématiques sont remises dans leur contexte. Cela engendre une meilleure perception des choix établis par ces 3 photographes. Les pellicules permettent de voir l’envers du décor en proposant une sorte de making of sur le travail journalistique effectué.

L’émotion montrée par ces photographes est grande. Les exemples sont nombreux comme cette femme enceinte allaitant sous les bombes ou ces enfants observant l’entrainement des troupes communistes cachés dans les arbres. Les pellicules ont permis également de remettre en scène l’action de ces photographes au coeur de l’horreur. Ils ont donné leur vie pour témoigner de l’atrocité de la guerre d’Espagne. Ils y ont laissé une part d’eux-mêmes.

La découverte de ces valises et le scan des négatifs ont provoqué une grande déception en remarquant que la photographie la plus célèbre de Robert Capa n’y figurait pas : celle du milicien républicain mourant sous les balles des soldats fascistes. En effet, une polémique est née autour de cette photographie. Certains disaient qu’elle était truquée et que ce témoignage n’était qu’un montage réalisé par Capa. Le voile sombre est toujours de mise et la polémique de cette photo n’exclut en rien le génie et le courage de Robert Capa dans son métier de photojournaliste centré sur la condition humaine.

Le voyage des valises

Plus qu’un voyage, c’est une véritable saga miraculeuse qui a amené à la découverte des 3 valises mexicaines. Robert Capa, David Seymour et Gerda Taro étaient des immigrés juifs. Entre 1936 et 1939, nos trois compères ont aménagé ces valises pour recevoir des films. Robert Capa avait ajouté des photos personnelles et sentimentales prises à Paris en 1935 par Fred Stein .

Lorsque les troupes allemandes entrèrent dans Paris en 1939, Robert Capa fuit la ville pour rejoindre New-York. Il confia les précieuses valises au responsable de sa chambre noire. Celui-ci les emporta de Paris dans son voyage à vélo vers Bordeaux (!) où il espérait atteindre le Mexique par bateau. A Bordeaux, il confia les valises photographiques à un chilien qui partit vers le Mexique. La suite du voyage reste un véritable mystère.

Le frère de Robert Capa les a recherché durant plus de 60 ans. Il semblerait que les valises furent données à un ancien compagnon de lutte de Pancho Villa : le général Francisco Aguilar Gonzalez.

Des années plus tard, le réalisateur mexicain Benjamin Tarver retrouva les valises dans la succession du général. Il attendit longuement avant de les envoyer mais il se décida en 2007 de rendre cet héritage à Cornell Capa âgé de 89 ans à cette époque. Celui-ci décéda l’année qui suivit cette découverte.

Une exposition est organisée à New-York  et laisserait présager une exposition aux Rencontres Photographiques d’Arles en 2011.

Pour aller plus loin

La valise mexicaine : une histoire inachevée

Le site du New York Times propose de visionner les négatifs